Kill me please

Benoit Poelvoorde - Kill me pleasepar Olias Barco. Avec Aurélien Decoing, Virginie Efira, Benoit Poelvoorde.

Verra-t-on un jour inscrit dans la constitution le droit de mourir pour tout un chacun ? C’est la question qui aurai pu caractériser « Kill me please » si le film n’était pas une production déjantée.

Comédie ? Drame ? Difficile d’identifier le genre du dernier film d’Olias Barco.  À travers cette comédie subversive,  il aborde avec cynisme et humour noir un thème difficile et parfois tabou. Néanmoins, en sortant de la salle, c’est une toute autre question qu’on se pose : qu’est-ce-qui est le plus cynique : rire sur le sujet, ou essayer de contrôler la mort ?

Retirée dans un coin isolée à la lisière d’un bois enneigé, la clinque du Dr. Krüger accueil les désenchantés de la vie. Son idéal : faire du suicide un droit pour tous, mais surtout un acte qui se fera désormais dans la douceur et la dignité. Subventionné par le gouvernement, il met en place le suicide médical assisté. Les patients, futurs suicidés, sont d’abord sélectionnés par le directeur (Dr. Krüger) avec une vidéo de motivation. Avec la grosse somme versée pour intégrer la clinique, ils disposent d’une dernière volonté : celle-ci est aussi farfelue et loufoque que les personnages eux-mêmes. Controversée dans les médias et, surtout, par les villageois qui sont logés à proximité, la clinique suscite les polémiques et fait monter la pression. Elle accueillera, malgré elle, une chasse à l’homme qui se terminera par un joli massacre. La volonté de mourir avec laquelle étaient initialement venu les « patients » laissera désormais place à l’instinct de survie… ou presque. À trop vouloir contrôler la mort, la faucheuse jaillit avec violence, imprévisible et omnipotente, emportant tout sur son passage : qui voulait mourir et qui ne s’y attendait pas ; pour assoir son incontestable impérialisme, peut-être. C’est ainsi que la deuxième partie du film déboule en crescendo et devient chaotique.

Produit par la même équipe,  Kill me please reprend certaines lignes du culte C’est arrivé prés de chez vous. Caméra épaule, une manière de filmer proche du documentaire, le film floute, dans une première partie, la limite entre le réel et le fictif. Si ce n’était le noir et blanc granuleux qui intensifie l’aspect terne et morbide, on se croirait parfois dans son canapé devant l’émission belge Strip-tease.

Ce ressenti est davantage accentué par l’absence presque totale de musique. Malgré cet aspect de faux documentaire, Olias Barco permet de beaux plans et travellings pour tirer au mieux parti des décors du « plat pays ».

Le doute est filé au début du film avec Monsieur Demanet, le personnage interprété par Benoit Poelvoorde. La mise en abîme est effectivement troublante : célèbre réalisateur en déprime, Monsieur Demanet veut mettre fin à ses jours. Une interprétation d’autant plus intéressante quand on sait que Poelvoorde est un dépressif chronique qui aurait, lui aussi, attenté à sa vie.  Dans une interview datant de 2007, il explique que « c’est le public qui [lui] a sauvé la vie ». Heureusement, dans Kill me please ce n’est pas le cas. Sans surprise, son personnage se suicide dés le début film. On ne sait donc plus trop qui sera le personnage principal, et qui à s’attacher. Mais cela permet de se concentrer sur chacun des personnages plus dérangés les uns que les autres : un riche rappeur punk, un jeune dépressif, délicieusement interprété par Virgile Bramly, et qui a « toujours voulu se suicider, depuis tout petit déjà », un homme qui a perdu sa femme… au poker ! Etc.

Bien qu’elle lui est comparable, cette comédie pas si loin de la réalité* ne se hisse pas au même niveau que C’est arrivé prés de chez vous. Un film qui nous rend ravi de l’avoir vu, mais ne donne pas l’envie de le revoir !

* Ce type d’établissement « d’accompagnement au suicide » existe vraiment en Suisse.

Shems.

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